Précipitations : « 2023 a été une année très marquante »
Sécheresse hivernale, excès de pluies… L’année 2023 a été marquée en termes d’aléas climatiques extrêmes, en particulier concernant le régime hydrique. Le point sur la situation avec Serge Saka, agroclimatologue.
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L’agriculture française doit-elle s’habituer à un régime hydrique bousculé ?
Dans un contexte de changement climatique, on s’attend à avoir une accentuation du cycle de l’eau dans les deux sens : des sécheresses plus longues et plus intenses, et des épisodes de pluie très regroupés et plus intenses également.
2023 a effectivement été très marquante au niveau de la pluie. Partout en France, à l’exception de la Méditerranée, c’était le yo-yo entre périodes de sécheresse et excès d’eau.
On n’a pas eu de période sereine. C’est caractéristique du changement climatique : nous ne sommes plus dans l’alternance connue du climat tempéré. Il va falloir s’y habituer.
Cela dit, ce n’est pas une fatalité : contrairement à 2022, les rendements ont été normaux en 2023 pour la plupart des cultures. Une bonne année n’est plus une année record, mais c’est une année où on est dans la moyenne.
En Méditerranée, il a fait sec toute l’année. Sur 2023, on est à peine autour des 180 mm de pluie à Bézier ou dans les Bouches-du-Rhône ; un peu plus de 200 mm du côté de Perpignan. C’est incroyable. On est pour 2023 dans les caractéristiques d’un climat désertique, dont le seuil est de 200 mm sur plusieurs années.
En moyenne, comment évolue le régime hydrique en France ?
Entre 1961 et 2022, on observe une hausse des précipitations au nord d’un axe allant de Bordeaux à la Région Auvergne-Rhône-Alpes. En Alsace, Lorraine et Bourgogne, on a par exemple enregistré 10 % de précipitations supplémentaires sur cette période. Dans le sud de la France, on observe une diminution des précipitations, de l’ordre de 3 % à 4 %. Ce n’est pas cela qui explique les grosses sécheresses.
La pluie est moins efficace. Elle n’est pas répartie de la même façon dans l’année, et tombe davantage dans les saisons humides que dans les saisons sèches. Par ailleurs, il fait plus chaud : l’évapotranspiration augmente. Enfin, lors des épisodes pluvieux, il pleut 10 à 20 % de plus. C’est autant d’eau susceptible de ruisseler.
Finalement, on se retrouve avec une hausse des surfaces touchées par la sécheresse agricole, même dans le Nord : +10 % en Alsace sur la période de 1961 à 2022, +15 % en Auvergne, +11 % en Languedoc-Roussillon… Ces surfaces sont en revanche stables en Bretagne, Pays de la Loire et Nord-Pas-de-Calais.
Comment s’explique le lien entre le réchauffement climatique et le bouleversement du cycle de l’eau ?
Quand l’atmosphère gagne 1°C, elle gagne un potentiel de 7 % d’eau. Un air plus chaud peut ainsi contenir plus de vapeur d’eau, ce qui renforce le régime des précipitations. En parallèle, le sec est aussi renforcé par l’évapotranspiration qui augmente quand il fait chaud.
Intempéries : la France est sous l’eau (15/11/2023)
Si la tendance se confirme pour décembre, 2023 sera la première année où l’ensemble des mois de l’année 2023 n’a pas été en dessous des normes de températures. On a eu des excès particulièrement marqués en juin, avec +2,8°C par rapport à la norme, en septembre (+3,6°C) et en octobre (+2,7°C).
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